Un personnage peu recommandable mais si séduisant !

L’explosion de «Star wars» en 1977 est aussi l’avènement d’Harrison Ford au firmament des stars. Il y eut des époques où il fallait choisir entre les Beatles et les Rolling Stones, entre Johnny Hallyday etRichard Anthony, entre Bouvard et Collaro. D’emblée, les fans de «Star wars» eurent le choix entre les deux prétendants de la princesse Leia : le gentil blondinet Mark Hamill, héros sans peur et sans reproche et futur Jedi, et puis le cynique aventurier Han Solo, personnage plus mûr et moins recommandable, désabusé, mal rasé, mais tellement séduisant ! On l’a parfaitement compris à mesure que la saga de «Star wars» se poursuivait : Han Solo est le complément parfait et indispensable de Luke Skywalker. D’un côté le boy-scout qui grandira à travers les épreuves de l’initiation pour devenir un jour apte à l’exercice du pouvoir, au leadership d’un peuple libre. De l’autre, un mauvais garçon sympathique, réfractaire et franc-tireur, joueur et vaguement trafiquant, un solitaire qui sillonne la galaxie sur un vaisseau rafistolé, mais capable d’échapper par la ruse aux chasseurs de la police impériale : le Millenium Falcon. Harrison colle parfaitement à ce personnage d’aventurier téméraire : c’est d’ailleurs pour cela que l’équipe Lucas-Spielberg lui demandera d’incarner plus tard le fameux Indiana Jones. Mais, en attendant, il va profiter de la chance que lui offre le triomphe sans précédent de «La guerre des étoiles». Il est à nouveau employé par Coppola dans «Apocalypse now», où il interprète un colonel de l’US Army dans la scène où MartinSheen se voit confier sa mission impossible. C’est le début d’une période où il semble se spécialiser dans les rôles de militaires : l’année suivante, il est un ancien du Vietnam dans «Heroes» de Jeremy Paul Kagan, puis le colonel Barnsby, chef d’un commando chargé de faire sau-ter un pont stratégique en Yougoslavie dans «L’ouragan vient de Navarone». En 1978, dans «Guerre et passion», encore un film de guerre réalisé par Peter Hyams, il incarne un pilote de bombardier héroïque. Chargé de conduire sur le territoire français occupé un espion anglais, il s’aperçoit qu’il s’agit du mari de sa maîtresse. Noblement, il s’effacera devant lui. La haute stature et la silhouette athlétique d’Harrison Ford lui ont ainsi donné, manifestement, une image virile de «sex symbol» masculin. Il pourrait devenir un moderne équivalent de John Wayne, et ce n’est sans doute pas un hasard si, précisément, il a remplacé le Duke dans son film suivant : «Un rabbin au Far West» de Robert Aldrich. Wayne étant alors terrassé par le cancer qui devait l’emporter, on donna à l’interprète d’Han Solo le rôle de Tommy Lillard, le bandit pilleur de trains qui entraîne le rabbin Gene Wilder dans une série d’aventures désopilantes. C’est le premier rôle semi-fantaisiste de l’acteur, depuis celui d’«American graffiti». N’y a-t-il pas chez lui quelque chose de constamment tendu et de ténébreux ? Pour la seconde fois, dans «L’empire contre-attaque», il emporte l’adhésion dans le rôle de Han Solo, gagnant le cœur des jeunes spectatrices comme celui de la princesse Leia. Et puis c’est la création d’Indiana Jones dans « Les aventuriers de l’Arche perdue », produit par George Lucas et réalisé par son acolyte Steven Spielberg. Ce héros moderne qui renoue avec l’aventure de toujours est un archéologue, un savant intrépide comme dans les grands romans populaires. Indiana Jones fait le tour du monde : pour la première fois, Harrison Ford 3Harrison Ford est la vedette à part entière d’une grande production. Il reviendra, bien sûr, dans «Indiana Jones et le temple maudit», en attendant le troisième volet de ces aventures haletantes. Entre-temps, Han Solo sera une fois de plus une des figures-clés de la saga de «Star wars» dans «Le retour du Jedi»: notre baroudeur, tombé dans les griffes de l’immonde et gélatineux Jabba the Hutt, sera délivré par les rebelles pour reprendre part à leur juste combat… Et puis, Harrison Ford tiendra le rôle principal d’un excellent film de science-fiction, signé Ridley Scott : «Bladerunner». Son personnage est une sorte de détective privé du futur, engagé dans un duel à mort contre trois «répliquants», trois humanoïdes révoltés et ultra-dangereux, dans une mégalopole qui ressemble à Los Angeles au XXIe siècle: Il a la carrure qu’il faut pour incarner ce héros blasé, Bogart d’un autre temps, projection de la série noire dans la science-fiction délirante. Eternel baroudeur, soldat des causes perdues de notre époque, aventurier classique de l’imaginaire romanesque, héros moderne des cauchemars de l’anticipation, Harrison Ford semble destiné aux voyages incertains et aux batailles désespérées. Malgré tous les obstacles, il est celui qui, à force d’énergie mêlée de désinvolture, réussit à l’emporter sur le Mal aux mille visages en révélant qu’il est, en fin de compte, plus idéaliste qu’il n’en a l’air. N’est-ce pas l’ultime définition du héros américain qui a connu, depuis le début du cinéma, de multiples et glorieux avatars ?

 

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