Maruschka Detmers : séductrice

Maruschka est une voleuse ! Une «piqueuse» de rôles qui profite des caprices de ses consœurs pour les coiffer sur les plateaux de cinéma. On ne saurait lui en vouloir… En l’espace d’un an et demi, alors qu’elle n’était encore qu’une outsider, Maruschka a remplacé au pied et sein levés, deux des plus grandes vedettes actuelles : Isabelle Adjani et Ornella Muti. La première lors des essais de «Prénom Carmen», de Jean-Luc Godard, se trouvait mal éclairée, pas assez jolie. Exit Adjani. Apparaît Detmers qui, entre une séance de baby-sitting et un cours de comédie dans la classe de Francis Huster, vient faire la queue avec des centaines d’autres apprenties comédiennes devant l’hôtel Intercontinental où Godard fait passer ses auditions. Suisse jusqu’au bout de son Davidoff, Godard est économe de ses paroles. Il jette un regard distrait à Maruschka, lui tend une feuille de papier et attend qu’elle lise. Le texte est bref, banal. Une seule phrase : «Je ne me console jamais de rien». En la disant, elle marque un temps de respiration entre «jamais» et «de rien». Godard pose son cigare. Il est séduit par cette trouvaille. Prénom Maruschka devient Carmen X ! C’est avec autant de facilité qu’elle s’impose dans le film de Gérard Oury, «La vengeance du serpent à plumes». A l’origine, le metteur en scène désire Ornella Muti pour incarner Laura, une étudiante italienne révoltée, membre d’un groupuscule anarchiste. Mais La Muti fait la fine bouche quand elle apprend qu’elle a Coluche comme partenaire et qu’elle doit l’embrasser. Maruschka ne se montre pas aussi bégueule ! Flatté, Coluche la complimente alors pour son «beau cul» et ses talents de comédienne… Et de deux ! Mais entre ces deux films, Maruschka tient également un rôle éclair dans «Le faucon» de Paul Boujenah «Une seule journée, raconte-t-elle, trois plans, tout juste le temps de se faire descendre et de disparaître de la circulation». C’est son copain et professeur de théâtre Francis Huster qui lui a décroché ce «cacheton» avant qu’elle n’entreprenne le tournage de «La pirate» de Jacques Doillon. Une aventure difficile, épuisante, dans laquelle Maruschka joue le personnage de Carol, une séductrice jalouse qui kidnappe la femme qu’elle aime, Alma (Jane Birkin).2003 Saint-Tropez Television Festival - Closing Ceremony De ces deux expériences quasi simultanées avec des metteurs en scènes aussi «tordus» que Godard et Doillon, Maruschka prouve d’emblée qu’elle est bien l’actrice de toutes les situations, capable de se fondre rapidement dans un rôle. A l’arraché. Capable également de s’adapter aux conditions les plus précaires de tournage. Avec un bon rhume aussi. Une manière comme les autres de faire rentrer le métier ! Un métier auquel Maruschka n’est pas tout à fait destinée en débarquant à Paris il y a à peine trois ans, arrivant de son Pays-Bas natal. A l’époque, elle n’avait que dix-huit ans, une petite valise à la main, un bac scientifique dans la poche, et «un bel accent de vache hollandaise» précise-t-elle. Avec une frimousse comme la sienne et un tel prénom venu d’ailleurs, Maruschka trouve un premier job. Un boulot évident dans son cas : fille au pair ! En ayant décidé de s’installer à Paris, elle avait d’autres ambitions que de pouponner à domicile. Au bout de quelques mois, son français devenant un peu plus présentable, elle s’inscrit dans un cours d’art dramatique, le cours Florent. Pour sa première audition, elle choisit de présenter la scène de rupture entre Gabin et Arletty, extraite du film «Le jour se lève». L’accent «parigot» d’Arletty revu par cette gaillarde néerlandaise, cela promet une belle rigolade aux autres élèves ! Maruschka s’en tire à merveille. Si bien même qu’elle se classe en tête devant les sept cent cinquante autres candidates. A partir de ce jour, tout s’enchaîne très vite… Godard, Doillon, Oury, le Festival de Venise, celui de Cannes. A vingt et un ans, Maruschka a déjà accompli un parcours sans faute, un départ sur les chapeaux de roues. Il est vrai qu’elle a certains atouts qui plaident en sa faveur : un corps tout d’abord, un regard ensuite et une tête bien pleine enfin.

 

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