Sophie Ruez: charmeuse

Vous y croyez, vous, aux contes de fées formules-magiques-de-rigueur et à haute improbabilité garantie ? Pas tellement ? Moi itou, mais chut ! Faut surtout pas le répéter trop fort. Mlle Sophie Duez, que nous baptiserons Cendrillon Celluloïd pour les commodités du récit, pourrait bien nous en tenir rigueur et nous traiter de rabat-joie. Remarquez, elle n’aurait pas tout à fait tort si l’on en juge par la rapidité de son ascension l’année dernière. Cela, grâce à un film. «Marche à l’ombre», de Michel Blanc. Oui, vous avez bien lu un seul film, n’en déplaise à ceux pour qui la célébrité est forcément liée à un pénible parcours de combattant(e). Lancée à la vitesse d’une fusée, Sophie doit probablement se demander aujourd’hui s’il faut en rire ou s’en inquiéter.Sophie Ruez Née à Nice il y a plus de vingt ans, elle effectue toutes ses études à Paris, au lycée Paul Valéry, et va même jusqu’à obtenir son bac C à l’âge de seize ans. Ce petit exploit est bientôt suivi par quelques autres qui s’inscrivent tous dans la lignée «je suis une crack, mais je me soigne». On retrouve ainsi cette chère Sophie parachutée douze mois plus tard en «hypo khâgneuse» de choc au lycée Louis Legrand puis entrant à la Sorbonne l’année suivante en deug de lettres modernes. Et ce n’est pas fini puisqu’au bout du chemin, une licence et une maîtrise (mention très bien) viennent orner le cabas de notre parfaite étudiante. Parallèlement à ces exploits, vous aurez noté avec le plus vif intérêt qu’habitant seule depuis ses dix-huit ans, Sophie s’amuse à gagner sa vie comme mannequin. Un beau jour de début 84, son copain Patrick Bruel lui demande d’apparaître à ses côtés lors de «Champs-Élysées», l’émission de Michel Drucker. Et cela afin d’illustrer sa chanson «Marre de cette nana-là » qu’il interprète entouré de deux autres ravissantes créatures. Ce samedi soir, Françoise Menidrey, éminente casting-woman de sont état, se trouve par bonheur devant son poste. Elle remarque immédiatement Sophie et en parle à Michel Blanc, alors à la recherche d’un nouveau visage pour «Marche à l’ombre». Blanc convoque Sophie pour des essais qui se révèlent suffisamment concluants puisqu’elle décroche le rôle convoité. Les Français découvrent donc Mlle Duez à l’automne 84 dans ce film où elle incarne une jeune danseuse, Mathilde, avec qui Gérard Lanvin vit une histoire d’amour aussi passionnée que difficile. L’énorme succès obtenu par «Marche à l’ombre» consacre alors Sophie. Les médias s’intéressent à elle et en profitent, dans le cas de certains, pour ressortir de leurs tiroirs des documents ou reportages effectués alors que l’actrice était encore inconnue. Ainsi. un magazine connu pour ses photos de nus féminins n’hésite pas à publier des clichés de Sophie dans le plus simple appareil. Cela sans préciser à ses lecteurs que lesdites photos ont été prises deux ans auparavant et reproduites sans le consentement de la principale intéressée. La publicité fait également les yeux doux à Sophie qui est choisie pour être l’héroïne d’un spot télévisé vantant les mérites d’une marque de café. Les scénaristes de ce spot ne vont pas chercher midi à quatorze heures puisqu’ils font jouer à Cendrillon Celluloïd son propre rôle, celui d’un top-modèle accueilli à bras ouverts par d’hypothétiques membres de sa famille qui fêtent le retour de la fifille prodigue. Autre moment choc (et également télévisuel) dans la jeune carrière de Sophie son apparition en dessous affriolants dans «719»,l’émission de Michel Denisot sur Canal Plus, consacrée ce matin de novembre à la lingerie féminine de luxe. Ces parenthèses refermées, Sophie se consacre aujourd’hui à des entreprises plus «sérieuses». Forte de sa nomination au César du meilleur jeune espoir féminin, elle s’est inscrite au cours d’art dramatique d’Yves Pignot. Parallèlement à- cela, elle est l’héroïne principale d’un téléfilm de Jean-Louis Lorenzi, «Les prisonnières». Un programme des plus chargés, sans compter un projet de film italien sur lequel elle préfère garder le silence. Voilà de quoi permettre enfin à Sophie Duez de marcher désormais au soleil plutôt qu’à l’ombre…

 

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